Plaidoyer en quatre abrégés sur quatre chefs d’accusation, à partir du livre de Mr Dumont « L’Eglise au risque de l’histoire » et d’œuvres de quelques autres historiens

Avant Propos

 

                   Les quatre parties de ce travail font l’objet de la présentation qui suit cet avant propos. Elles seront introduites sur notre site à la cadence d’une chaque mois en principe. Ici nous voulons exposer notre but et notre rôle.
                    Nous n’avons pas voulu faire preuve d’originalité sur le fond mais au contraire rester le plus près possible de ce qu’a voulu exprimer Mr Jean Dumont, en veillant à ce que cette forme d’abrégés ne porte pas préjudice aux thèses de son livre « L’Eglise au risque de l’histoire »[1]. Il a en effet mis en lumière des faits méconnus qui modifient l’interprétation trop partiale et hostile généralement répandue dans l’opinion publique, y compris catholique, sur certains épisodes controversés de l’histoire de l’Eglise.

                   Nous considérons celle-ci dans son ensemble, hiérarchie et fidèles catholiques sachant comme nous le rappelle le Concile Vatican II que l’Eglise est le peuple de Dieu, mais peuple en marche vers la fin des temps, au sein d’une humanité qu’elle cherche à entraîner vers sa fin dernière voulue par son Créateur et Père, le rejoindre dans son Amour éternel. en visant la perfection évangélique que lui montrent la vie, la mort et la résurrection du Christ, Fils du Père par et dans l’Esprit.

                   En résumant le travail de Jean Dumont, j’essaie simplement de le rendre accessible au plus grand nombre, alors que la vie professionnelle et familiale peut être pour beaucoup une difficulté sérieuse à la lecture d’œuvres historiques longues, parce que fouillées et solidement référencées.
                   Je me présente donc simplement comme l’écho d’un apologiste, appelant l’attention sur son œuvre et cherchant à convaincre le lecteur aimant approfondir, d’aller plus loin dans la connaissance de cette œuvre, consacrée à la recherche sérieuse de la vérité historique, qui est, nous le savons, un travail toujours inachevé et à remettre sans cesse sur l’ouvrage.
                   Mais je reviens sur mon souci essentiel, celui d’atteindre, avec ces abrégés, le public le plus large, en reprenant simplement cet argument, bien connu en publicité : « en une trentaine de pages, tout ce que vous vouliez savoir sur l’évangélisation de l’Amérique hispanique, ou sur les guerres de religion en France, ou sur les inquisitions ou sur l’Eglise et le mal romain ou…….».
                   Acceptons donc de re-voir l’histoire de notre Eglise, avec un œil neuf et en oubliant nos préjugés. 

 

Présentation

 

                  Au cours de mes études à l’Institut Catholique de Paris, j’ai eu l’occasion de faire un travail sur l’Amérique hispanique, orienté sur les problèmes des rapports entre évangélisation et colonisation. Je me suis d’abord référé à plusieurs historiens réputés pour leurs travaux : messieurs Bataillon et St Lu, madame Mahn-Lot à propos de Las Casas, monsieur Ricard hispaniste distingué. J’ai découvert par hasard Monsieur Jean Dumont, auteur du livre « ,L’Eglise au risque de l’histoire » - décédé en juillet 2001-au cours d’un déjeuner avec des cousins qui le connaissaient. Il m’avait ébloui par sa culture et impressionné par sa modestie.

                  Catholiques, nous pouvons constater partout combien l’histoire de notre Eglise est mal connue, voire souvent travestie et calomniée, surtout dans les ouvrages de grande diffusion, comme les dictionnaires, obligés par leur nature à être plus ou moins astreints à la brièveté. La tentation est grande alors de simplifier, de résumer et ce, parfois à partir d’une source unique. Ainsi celui pour qui l’histoire n’est qu’un objet de culture générale, reste marqué par un nombre restreint de lectures et d’auteurs dont beaucoup véhiculent des préjugés et erreurs tenaces. Seuls les spécialistes, historiens honnêtes et s’intéressant à l’histoire religieuse, débusquent et font justice des affirmations hasardeuses.

                  C’est le cas des historiens précités mais malheureusement comme tous les historiens sérieux, leurs œuvres ne reçoivent qu’une diffusion limitée, due précisément à leur souci d’être véridiques, à partir de sources authentiques, contemporaines des événements dont ils traitent. Ce qui les amènent à être précis et détaillés dans leurs ouvrages et ceux-ci en conséquence n’atteignent pas directement le grand public.

                  En essayant de faire des abrégés sur des « procès » faits à l’Eglise à propos de certaines périodes et évènements de son histoire, je voudrais répondre en particulier au souhait de Mr Dumont:  « c’est pour lui (le peuple chrétien ) que nous écrivons, avec l’espoir que quelques bribes au moins de notre redressement de la vérité historique lui parviendront »( p.245 de son livre « L’Eglise au risque de l’histoire »).

                  Il n’y a rien de plus difficile à changer que des mentalités marquées par des images de propagande et des slogans simplistes, souvent basés sur des amalgames plus que sur des faits avérés et des généralisations abusives plus que des synthèses sérieuses. Ainsi s’établissent des images et slogans transmis ensuite de génération en génération sans beaucoup d’esprit critique.

                  Or il suffit maintenant de lire certains historiens très rigoureux comme Dumont pour que notre regard change complètement ou partiellement sur des évènements et personnages que nous pensions connaître. C’est exactement ce qui nous est arrivé à la lecture de « L’Eglise au risque de l’histoire ».

                  Ainsi l’évangélisation et la colonisation de l’Amérique hispanique nous apparaissaient comme une succession de massacres et de conversions forcées. Après la lecture de Dumont, notre regard découvre des réalités bien différentes. Sauf quelques exceptions, la conquête fut une libération des peuples de tyrannies et religions sanglantes et la conversion spontanée, massive et durable en réponse à cette libération.

                   Ainsi  les guerres de religion en France nous étaient (mal) connues, comme au mieux une période de guerre civile où les torts étaient largement partagés. Les faits et leur chronologie nous révèlent un tableau bien différent : celui d’une minorité calviniste fanatique et intolérante dirigée et armée par de grands seigneurs « féodaux » décidés à prendre le contrôle d’une monarchie faible et sans ressources, avec le soutien armé systématique des pays protestants voisins pour installer sur le trône de France un des leurs et pouvoir ainsi imposer le calvinisme aux plus de 90% des Français décidés à rester catholiques.

                   Ainsi encore l’Inquisition nous semblait une œuvre de cruelle intolérance subie par des communautés entières innocentes. En fait nous découvrons non pas une Inquisition, mais des inquisitions diverses. Si certaines furent utilisées abusivement et pour un but politique par des souverains laïcs ou des évêques sans scrupules, les plus connues, dirigées contre les cathares dans le Languedoc et les juifs fraîchement et mal convertis en Espagne, furent réaction inéluctable à cause des conséquences sociales très graves et insupportables pour la majorité de la population. Elles firent des victimes en faible nombre, grâce à une politique de prédication préalable persuasive.

                                     Ainsi enfin l’Eglise catholique nous était présentée comme héritière directe de l’empire romain dans sa version Bas Empire, par la langue latine et l’héritage du Code des lois romaines reprises par le Droit canonique et contribuant ainsi à un « centralisme et un autoritarisme abusifs » étouffant les libertés. Ici encore, il s’agit d’amalgames hâtifs aggravés par un anachronisme concernant la liberté de conscience. Admirant la forme du Corpus juridique romain, l’Eglise en rejeta, sur le fond, tout ce qui était contraire à l’esprit évangélique, notamment le divorce brisant le lien conjugal et l’esclavage institutionnalisé, qui déniait la dignité humaine à ses innombrables victimes. Ce qui n’empêcha pas les difficultés et les rechutes dans l'évolution des mentalités. Nous avons été les contemporains et les témoins des horreurs du nazisme et du communisme, tous deux d’ailleurs violemment anti chrétiens, mais ce faisant, ils se situaient en référence au christianisme, désigné comme ennemi à faire disparaître.

                   Nous voudrions donc, avec ces quatre abrégés, essayer de donner à un maximum de lecteurs et sans les dénaturer, les faits et raisonnements essentiels à partir de la réalité historique. Nous espérons aussi donner à certains de ces lecteurs le désir d’aller plus loin dans la connaissance de la véritable histoire de l’Eglise catholique. Car les obscurités et les faiblesses de ses membres pécheurs sont rachetés largement par la lumière et la force de ses saints qui sont beaucoup plus nombreux que les seuls saints « hors normes » admis à l’honneur des autels.

                   Ils entraînent le peuple de Dieu malgré la faiblesse des pécheurs que nous sommes tous et la plupart restent inconnus de tous sauf de ceux qui les voient agir selon l’Evangile.

                  Nous les fêtons tous ensemble à la solennité de la Toussaint, le 1ernovembre. Et l’Apocalypse de St Jean (chap.7 vers.9 ) nous dit « Après quoi, voici qu’apparut à mes yeux une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation, race, peuple et langue….. ». Notre espérance est d’en faire partie, avec la grâce de Dieu.

 

 


Notes:

[1] Dans son livre « l’Eglise au risque de l’histoire » 2002 (592p). Disponible ou à commander aux Editions de Paris  13 rue St Honoré-78000- Versailles. email : editionsdeparis@wanadoo.fr.
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Editions de Paris 2002